Comme cela m’arrive tous les 25 ans environ, je suis sortie dans la rue faire une action street-artistique dont le « projet » est quelque peu imprécis ou fumeux.
J’avais dans l’idée de promouvoir la peinture de Marcelle Delacité par des collages sur le trottoir (une façon de le faire) et la transmission de flyers glissés sous les portes des galeries, fermées pour cause de « non-essentialité » en ces temps troublés par un virus et sa « gestion ».
J’ai réalisé cette action le 31 mars 2021 dans le quartier des galeries de Saint-Germain-des-Près ; quitte à sortir, autant que ce soit là. J’aurai préféré le faire le 1er avril, mais le créneau était pris par les galeries qui faisaient intervenir leur star artistique locale, mais internationnale, dont le nom m’échappe à l’instant où j’écris ce billet ce que l’on peut en dire c’est que , c’est quelqu’un qui réalise des choses avec les couleurs primaires, et qui a bricolé des trucs pour Benetton.
Bon.. il faut reconnaitre que j’ai trouvé là une façon un peu particulière de démarcher les galeries.. Mais cette sortie m’a permis de retrouver quelques sensations de l’époque, déambulation, rencontres, fricotage avec l’interdit..
Tout d’abord le flyer, je n’en étais pas peu fière avec ces magnifiques mugs que l’on peut faire réaliser sur un site de vente en ligne ; on peut faire imprimer ses chefs-d’œuvres sur toutes sortes de supports, le mug était donc pas mal pour en faire un genre d’objet promotionnel.
Toutes les choses collées sur les trottoirs (tant que je l’ai pu, car au bout d’un moment j’ai croisé les services de nettoyage de la ville de Paris, fort aimables au demeurant, et cela a coupé court à mon projet de collages ; j’ai terminé en glissant juste mes flyers sous les portes de galeries) étaient, quant à elles, des « feutres/papiers ou des crayons de couleurs/papiers réalisés en A5 sur des coins de table au travail, arabesques, ratures et jeux de primaires et parfois de leurs complémentaires, pour les ratures j’appelles celles-ci des « Mondrians punkisés », car elles se refusent nerveusement à l’orthogonalité propre et chère des abstraits géométriques qui colorient sagement des petites cases, jusqu’aux plus contemporains monumentaux (genre Damien Hirst, si je ne dis pas de bêtises). Il m’en reste plein, j’en ferai peut-être des fanions pour une improbable fête, un jour ; ou je ne sais trop.
Voici quelques images de ma déambulation de ce jour :
Au cours de ma promenade, je suis tombée sur les fameux bonhommes blancs très connus dans le street-art, il s’agit des réalisations de Jérôme Ménagers, qui semble s’être bien institutionnalisé, comme on peut le costater ici.
Je me suis donc fait plaisir..
Ensuite je me suis fait trèèèèèès plaisir en collant mes trucs sous la plaque de la galerie Kamel Mennour ; je sais très bien que je n’exposerai jamais chez eux, faut dire qu’ils ne sont pas trop peinture.. Faut dire aussi que ça ne joue pas dans la même cour non plus.. Bref, je suis cramée auprès des institutionnels de la profession galeriste, mais bon.. On s’en fout un peu.. Ce n’est pas vraiment chez eux que j’aurai l’outrecuidance et l’inconscience d’aller présenter mon travail, d’autres feront mieux que Mennour.
J’ai fini du côté de la rue de Verneuil, un petit clin d’œil au mur de Gainsbourg ; puis, encore un peu plus tard, du côté de la place Aragon sur l’île de la cité, un autre clin d’œil pour une vague connaissance qui fait pisser son chien là-bas, ce qui n’a rien à voir avec la choucroutte.
Voilà pour cette grande aventure, qui m’a bien amusée, et qui m’a permis de bien discuter avec un galeriste dont la porte était ouverte sur une très impressionnant exposition d’un photographe américain, et deux assistants dans une galerie ouverte parce que également libraire, j’ai pu constater que des Topor y circulaient bien et à pas (trop) cher, ils ont mes coordonnées, mais cela ne m’a rien apporté de particulier, pas bien grave, j’y aurai au moins passé d’agréables moments d’échanges.