« Le dressage neuronal ne se joue pas contre autre chose de plus présentable en ces heures politiquement correctes, car on n’y échappe pas : l’absence d’éducation, le renoncement à la transmission de valeurs, l’abdication devant toute entreprise pédagogique – qui semblent bien souvent caractériser notre époque -, constituent en négatif un autre dressage neuronal, dangereux celui-ci car il intègre dans le système nerveux que la loi n’est pas la loi éthique, mais la loi de la jungle.
Dès lors, l’éthologie rend compte de ce défaut d’éthique : chacun évolue sur un territoire réduit à son déterminisme de mâle dominant, de femelle dominée, de partie d’une horde, de membre d’un troupeau plus étendu qu’un autre. Le règne de la tribu contre celui de l’humain. La construction d’un cerveau éthique constitue le premier degré vers une révolution politique digne de ce nom. Ce fut jadis l’idée majeure des philosophes ultras du siècle dit des Lumières. »
Michel ONFRAY : La puissance d’exister, Manifeste hédoniste
(fin du chapitre II « la règle du jeu immanente ») ; Editions Grasset, 2006.